Un enfant ne remet pas en question les paroles de ses parents.
Il les prend comme étant la vérité. Cependant, si elles
sont trop enfermantes, très vite, son corps et son psychisme réagiront
par des dysfonctionnements. Car peut-être un enfant ne remet pas en
question -consciemment-, mais par cette innocence, cette ouverture et cette
intuition qui sont présentes naturellement en lui, il sentira l’incompréhension
et l’égarement chez ses propres parents. Et ne sachant ni exprimer
ce qu’il ressent, ni quoi faire, à son tour, et par amour pour
ses parents, il ingurgitera ces conditionnements familiaux, et tout à
la fois niera son ressenti qu’il ne sait formuler.
Plus il s’appropriera l’enfermement de ses parents, plus il éloignera
de lui son ressenti instinctif, jusqu’à l’oublier. Par
amour pour nos parents, oui, nous nous identifions à leurs jugements
sur notre propre personne et sur la société. Par besoin d’appartenance
aussi. Par peur de décevoir, de ne plus être aimé.
Parce que nous ne reconnaissons pas ce que nous vivons et nous le refusons.
Nous restons dans le moule éducatif, nous restons les enfants dépendants
du regard de nos parents et des autres en général. Et nous ne
faisons que répéter les situations dans lesquelles nous étions
enfant ou plutôt des situations en écho avec ce que nous avons
connu enfant. Nous ne sortons pas de ce connu. Il nous habite, nous sommes
agis par lui, croyant que la vie n’a qu’une expression : ce moule.
La remise en question survient quand cette souffrance s’insinue au plus
profond de notre vie. Et plus nous serons attaché à des moules,
plus nous les protégerons, plus cette souffrance sera intense. À
la mesure de notre enfermement.