Nous ne rencontrons personne. Nous ne rencontrons que nos
jugements devenus vérités. Nous ne partageons rien. Nous imposons.
Nous condamnons. La vie est vue seulement sous un angle, le nôtre, car
nous pensons (et cette pensée peut être inconsciente et même
tant recouverte de religiosité ou de bons sentiments qu’elle
pourrait sembler inexistante) car nous pensons par ignorance, que c’est
le seul angle de vue valable, réfléchi et intelligent.
Nous ne nous rencontrons pas non plus. Nous restons attachés à
nos points de vue rapportés. Cependant, nous ne voyons pas que toutes
ces idées sont empruntées, que rien ne vient de nous. Oui, nous
nous en remettons à des idées qui nous rassurent, par lesquelles
nous nous sommes identifié, cloisonné par sécurité,
et/ou que l’on nous a transmises tout au long de notre enfance et adolescence.
Plus tard, nous lisons des livres, écoutons la télévision,
la radio. Et nous continuons à nous en référer aux autres,
à ceux qui sont reconnus. Et croyant que ces mêmes idées
viennent de nous, nous en sommes fier, nous disons avoir réfléchi,
nous être remis en question et détenir la vérité.
La révolution dont je parle n’est pas rébellion, mais celle de se rendre compte d’une part que toutes ces pensées que nous prenons pour vérités ne sont en fait que des idées et plus exactement des jugements conditionnés par nos expériences, et d’autre part que notre propre attachement à ces mêmes jugements occasionne notre aveuglement.
Remettre en question les jugements de valeur, c’est remettre en cause
notre rapport aux normes collectives, ce qui revient à dire : se retrouver
seul face à soi-même. Sommes-nous prêt à cela ?
Sommes-nous prêt à quitter les repères sociaux, le modèle
parental, sans désir de prouver que nos valeurs sont les meilleures,
sans chercher à accuser l’autre ou la société ?
Désirons-nous devenir responsable de nous-même ?
Réellement, se poser la question : qui me juge, qui m’empêche
d’être moi ?