" Shiva, c’est la conscience. La Shakti, c’est l’expression de la conscience. C’est ce qui vient de la conscience et s’y résorbe. Donc, la manifestation est une expression du non manifesté. La dualité, c’est la non-dualité. "
" Il ne faut pas s’arrêter aux mots qui n’ont profondément
aucun sens. On formule les choses, mais qu’il soit très clair
que l’on ne peut pas comprendre une démarche. On peut comprendre
qu’il n’y a rien à comprendre. A un moment donné,
il faut renoncer à la prétention de pouvoir comprendre. Alors,
la vie devient plus sensorielle. C’est cela qui est important. Quand
vous vous livrez à la vie sensorielle, il y a vraiment accalmie et
la pensée trouve une place plus juste. Quand vous voulez pensez la
vérité, vous vivez séparé des sens. Vous vivez
dans une fraction. Quand la pensée occupe peu de place dans votre vie,
vous êtes touché, vous sentez une tradition. La pensée
est une chose qui a très peu de place dans une vie spontanée.
"
" Que pensez-vous que nous soyons prêts à entendre ?
Il n’y a rien à dire, rien à entendre. Quand vous cessez de mettre l’accent sur ce qui est dit, vous abandonnez l’idée de vouloir entendre, de vouloir comprendre. Ce qui est dit va s’éliminer. Quand vous oubliez ce qui est dit, ce qui est entendu, il ne reste que l’essentiel, ce que l’on a en commun. "
" En ce moment, nous vivons une période de grand changement à
tous les niveaux et les gens se sentent profondément insécurisés.
Nous cherchons par tous les moyens la sécurité au travail et
partout. J’aimerais que vous nous parliez de la sécurité
et de l’insécurité. Comment développer la sécurité
intérieure ?
Quand vous voyez que profondément il n’y a que l’insécurité,
il y a un certain basculement qui se fait. Il n’y a que l’insécurité.
Quand vous l’avez reconnue, corporellement et mentalement, vous décollez
de cette insécurité et là vous rejoignez la sécurité
profonde. Il n’y a pas de sécurité corporelle. Votre corps
est fait pour être écrasé par un camion. Tôt ou
tard, votre corps ne pourra pas éviter tel ou tel accident. Vous ne
pouvez rien changer à cela. Vous pouvez apprendre les arts martiaux,
vous pouvez acheter un revolver, mais vous n’enrayerez pas l’insécurité.
La seule manière de vivre avec l’insécurité, c’est
de l’accepter totalement. L’insécurité fait la beauté
du corps, fait la beauté de la vie. Toute la créativité
de la vie y participe, sinon elle n’aurait pas d’éclat.
Il faut faire la différence entre l’insécurité
psychologique et l’insécurité physiologique. L’insécurité
physiologique est purement fonctionnelle. L’émotion à
la vue d’un lion va mettre en branle masse musculaire et orchestrer
tout un processus de fuite rapide. Cette réaction chimique et les processus
mis en branle par l’émotion sont purement physiologiques, fonctionnels.
Généralement, l’insécurité est psychologique.
C’est surtout de cette insécurité dont je parle…
C’est l’amour qui l’enrayera. L’amour de votre structure.
Eprouvez complètement votre structure corporelle dans un espace et
vous verrez la peur disparaître. La peur est une restriction.
(…)
Beaucoup de maladies viennent de la peur : peur du passé, peur du futur, peur de perdre, peur de ne pas faire face, peur de ses pulsions et de ses impulsions. Quand vous écoutez votre corporalité, votre structure, la peur psychologique vous quitte. La peur psychologique paralyse l’action alors que la peur physiologique donne la possibilité de réagir avec la rapidité nécessaire.
(…)
La plupart des humains éprouvent une insécurité psychologique. Ils aiment ou n’aiment pas telle ou telle personne, telle ou telle situation. Dans la vie, il n’y a rien à aimer ou à ne pas aimer. Tout est rythme et vibration. A ce moment-là, la vie devient plus fonctionnelle. Il faut analyser la structure du corps. Que se passe-t-il quand quelqu’un vous agresse ? Que se passe-t-il, dans le corps, quand vous vous rappelez tel ou tel événement qui s’est produit alors que vous étiez plus jeune ? Que se passe-t-il quand vous pensez à telle ou telle personne ou à telle autre qui a quitté ce monde ? Comment réagissez-vous ?
Ecoutez votre structure corporelle sensorielle sans tirer de conclusions.
Vous allez bientôt découvrir une très grande sensibilité
dont le corps n’est qu’un camouflage psychologique. Qu’est-ce
qu’il y a derrière ? Vous pouvez remettre en question toute la
structure corporelle. Vous allez voir le cœur, les poumons, la circulation
du sang, le cerveau, les articulations. Les organes des sens ne sont que des
surimpositions d’éléments beaucoup plus subtils. Le corps
a un sens très profond qui se réfère à des éléments
cosmiques. Sachez lire le corps en l’écoutant profondément.
Ce n’est qu’en l’écoutant intimement que vous pourrez
comprendre un autre corps. Si vous voulez appréhender un mongolien,
un sidéen, un chien, c’est votre propre structure qui vous donnera
la sensibilité nécessaire à l’écoute d’une
autre structure. Si votre corps vous est inconnu, vous ne pourrez pas être
à l’écoute d’un autre. Ecouter convenablement son
corps, c’est le sens civique de la vie. Si vous ne le faites pas tous
les jours, il y aura agression. Quand vous écoutez vraiment, tout élément
psychologique disparaît. Il peut rester des relents, des traces, mais
ils ne sont plus des références qui vous tiennent prisonnier.
"
LES CROCODILES NE PENSENT PAS
Edition de Mortagne