QUI ECOUTE, VOIT, RESSENT ?

 

 

« Qui écoute ? Cette question me semble si essentielle. Qui voit ? Qui ressent ?
Réponse […] : moi en tant que témoin, observateur de ce qui se vit.
[…] Un observateur qui n'a pas la moindre idée, le moindre jugement sur ce qu'il observe. Un observateur vide de toutes idées personnelles, un observateur « impersonnel » parce que non identifié, non aveuglé par « un personnage » - que celui-ci soit le juge, le sage spirituel ou le fidèle au père ou le fidèle à la mère. »

Cependant
« Lorsque commence réellement ce retour vers soi, j'ai pu observer (qu'il se soit agi de moi ou qu'il s'agisse d'un autre) que notre regard n'est pas vierge mais identifié à des jugements (« c'est bien, c'est mal ») et identifié à tel point que nous ne nous rendons pas compte que nous jugeons et critiquons. Nous pensons même, en toute sincérité, être libre de jugement, sans a priori… […] Je ne me vois pas tel (le) que je suis, je me vois à partir des références bien/mal auxquelles je suis attaché (e) : je me vois en me jugeant. »

« Je suis passé d'un manque de confiance lié à un profond mal-être à un manque de confiance masqué par une conviction de savoir. En fait, je ne suis jamais allé voir ce manque de confiance, je ne l'ai jamais étudié, jamais compris.
Soulagement. Oui, soulagement, parce que je vois ce qui se vit en moi.
Oui, je vois que je ne sais rien, de moi-même je ne sais rien. Tout ce que je sais vient de l'autre, sont les paroles d'un autre. Soulagement de voir. »

« […] mon mental me protège, oui, il me protège de mes souffrances, de mes peurs, souffrances d'avoir été jugé, moqué, rabaissé, frappé, humilié, trahi… Souffrances de ne pas avoir était reconnu, de ne pas avoir été aimé. Et il me protège parce que je n'ai pas pu faire face (et n'ai toujours pas le courage de faire face - et ceci n'est pas une critique, puissiez-vous l'entendre comme un constat) à ses souffrances et ses peurs alors qu'elles étaient là, vivantes au-dedans de moi, alors que j'étais un enfant. […]
Je me tourne vers cet enfant. Résolument. Je lui dis que moi, je le reconnais, je reconnais sa souffrance, celle de ne pas avoir été vu. Je reste là, au-dedans de moi, près de lui… Je ne lui dirai rien. Parce que là, je n'ai aucune idée. Rien. Je n'ai aucun commentaire à faire ni à lui faire. Rien. Je réponds à son attente. Attente intérieure si grande qu'elle formait une béance en moi. »